mercredi 20 mai 2020

¤ Ne t’inquiète pas pour moi, de Alice Kuipers ¤

Résumé :
"Bonne chance pour ton contrôle aujourd'hui, ma chérie. Désolée de ne pas être là pour le petit déj'. La cage de Jeannot a besoin d'être nettoyée. A ce soir. Bises, Maman. P.S : N'oublie pas ta clé !"
Une correspondance par Post-it interposées sur le frigo entre une mère et sa fille. Lorsque la mère tombe malade, le temps presse mais l'espoir demeure. Un livre comme un trésor qui chuchote à l'oreille l'importance de ceux qu'on aime... Un livre indispensable aux mères comme aux filles.


Editeur : Le livre de poche
- Collection : Littérature
- Paru le : 2 Mars 2011
Pages : 243

Mon avis :
Je me lance enfin dans ce petit roman épistolaire sur le dos duquel j’ai très souvent posé mon regard, lisant sa quatrième de couverture et le reposant pour plus tard. Et finalement, neuf années sont passées et je me suis enfin décidée à parcourir son histoire.

Nous suivons Claire, jeune adolescente de quinze ans, bonne élève, avec une vie sociale équilibrée et saine. Elle tente d'avoir une relation normale avec sa mère qui brille le plus souvent par son absence. En effet, cette dernière, dont on ne connaîtra jamais le prénom, est médecin obstétricienne dans l'hôpital où elle travaille, ce qui inclut des horaires décalés tout le temps et bien souvent en accordéon au fil des jours et des semaines qui se succèdent à une vitesse folle. De ce fait, le seul moyen qu'elles ont trouvé pour garder un semblant de dialogue entre elles, ce sont les post-it sur le frigo. Elles échangent rapidement pour se donner des informations clés comme l'heure à laquelle elles pensent rentrer, quand elles peuvent se retrouver pour prendre un repas ensemble ou simplement passer une soirée tranquille à deux, en passant bien sûr par les listes de courses et autres obligations du quotidien. Jusqu'au jour où tout bascule, leur temps leur est compté...

Je n'ai lu absolument aucun avis sur ce roman durant toutes ces années et la seule raison pour laquelle il a atterri dans ma pile à lire à l'époque, c'est pour son genre épistolaire. Ce n'est plus une révélation, mais je suis très friande de ce genre-là qui apporte des non-dits, des dialogues bien souvent hachés et surtout, surtout l'attente de la réponse de l'autre qui est toujours un plaisir lorsqu'on la découvre. Une sorte d'excitation se forme et une addiction certaine qui fait qu'on tourne les pages de plus en plus vite. Pour le coup, avec ce petit roman, je crois que j'ai omis de me rappeler qu'un post-it a une petite taille. Et dans le cas présent, le roman peut se lire en une fois si vous ne voulez pas faire durer cette petite histoire, ce qui peut être assez frustrant, je l'admets.

Toutefois, je l'ai fait durer un petit peu, vous pensez bien, et plus j'avançais dans le roman, plus des petites choses m'ont gêné. Comme le fait que la mère se repose beaucoup (trop souvent) sur sa fille, certes cela lui permet d'être très vite autonome, mais j'ai trouvé cela un peu trop par moments. On ressent que les rôles s'inversent avant même qu'on apprenne la maladie de la mère. Sans parler du fait qu'elle n’ait pas de portable pour être ne serait-ce que joignable pour sa fille si elle venait à avoir un problème. Et puis il y a également les post-it déposés sur le frigo alors même qu'elles sont toutes les deux dans la maison. J'ai trouvé cela assez étrange et peu crédible, comme si le fait de se parler ainsi leur suffisait ou alors est-ce simplement une habitude qu'elles ont prise ? Non pas que cela me déplaise, au contraire, mais disons que c’est peu commun. Et en même temps, sans ces post-it parfois inutiles on aurait un peu moins de matière à lire avec ce roman déjà si mince, je suis légèrement contradictoire dans mes impressions…

J'ai beaucoup aimé l'histoire en elle-même et j'ai également réussi à ressentir un pincement au cœur et de la compassion pour les jours sombres qu'elles sont en train de vivre, ce qui est un véritable exploit tant il se lit vite, presque comme une nouvelle. Le genre de roman où on n'a pas vraiment le temps de tisser des liens profonds avec l'univers dans lequel on évolue très vite, avec les personnages également. Les post-it laissent entrevoir certains événements dont on effleure seulement les sujets, ce qui est dommage, car j'aurais aimé en connaître davantage. M'immerger un peu plus dans ces échanges tout à fait atypiques, mais d'un autre côté les choses que nous devinons nous poussent à poursuivre toujours plus vite notre lecture et c'était peut-être l'effet recherché.

En somme, j'ai passé un moment de lecture très rapide tout en douceur et avec un timing serré, car plus on avance dans le roman et plus on a l'impression que le temps presse. Que nos deux protagonistes courent après le temps pour grappiller des moments ensemble plus nombreux, plus réguliers, plus longs à chaque fois. Ce sentiment d'empressement ne m'a pas quittée dès lors que l'on sait de quoi il retourne et c'est une drôle de sensation que de se demander si elles auront le temps de se dire tout ce qu'elles ont sur le cœur avant l'inévitable. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais on devine dès le départ que l'issue sera forcément dramatique, triste à vous nouer la gorge.
Je vous recommande chaudement ce petit roman qui se lit tout aussi vite qu'une nouvelle, on passe par tout un panel d'émotions en très peu de temps et c'est à la fois déroutant et excitant.

Ma petite note : 


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